Raymond Jaccoud : ancien combattant, toujours battant
Monsieur Raymond Jaccoud était Président de l’Union des Anciens Combattants jusqu’à peu. Après plus de 40 ans au sein de cette association, il pense qu’à...
83 ans, il faut passer le relais.
Une belle vie
Raymond Jaccoud naît à Lille en 1940.
À quatorze ans, il entre dans la vie active, il se remémore : « Le jeudi j’obtenais mon certificat d’étude et le lundi je commençais à travailler, c’était comme ça ! ».
En parallèle, Raymond Jaccoud prend des cours du soir en comptabilité. Il confie : « C’est mon père qui voulait que j’étudie la comptabilité, je me suis vite rendu compte que je n’étais vraiment pas fait pour ça ! ». Le diplôme en poche, il intègre la Société Jean-Caby, mais Raymond Jaccoud nourrit d'autres ambitions.
L'entreprise lui offre alors l’opportunité de devenir représentant… dans le Var ! C’était sans compter sur sa jeune épouse Nicolle, qui ne se voit pas partir si loin et laisser sa famille. Ce ne sera donc pas pour cette fois. Mais l’idée fait son chemin, il persévère, postule chez Matéco et devient employé commercial du fabricant de matelas. Il évolue au sein de cette entreprise jusqu'au poste de directeur commercial et ne cesse de la développer : à sa retraite la société compte 70 employés, ils n’étaient que 10 à son arrivée.
Cet homme vif, sociable et spirituel conclut : « Je souhaite à tous d’avoir une belle vie, comme la mienne . Pour réussir, il faut de la volonté, de l'audace et de la chance ! »
28 mois de service militaire
Raymond Jaccoud est appelé au service militaire en 1960, il précise : « À l’époque le service, c’était 28 mois ».
Il commence par faire ses classes à Épinal, puis intègre l’École des Transmissions à Saint-Brieuc. Il plaisante : « Le plus fort, c’est que je n’ai jamais été transmetteur ! ». Puis, près de Metz, il participe à la création d’une compagnie sur la ligne Maginot : un centre d’écoute de l’URSS, c’était en pleine guerre froide. Il est ensuite envoyé en Algérie. Il y reste plus d'un an, dans un premier temps à Birtouta, puis à El Biar.
« J’étais à l’Intendance, au service Habillement. Pour fêter Noël, mes collègues de régiment me persuadent d’ utiliser le local de stockage. Je demande la permission, mon supérieur valide mais précise : Pas de bazar, sinon vous êtes muté disciplinaire dès demain ». Le lendemain…Raymond Jaccoud était envoyé à Alger, en plein conflit avec l’OAS. « Là, j’ai vraiment connu la guerre et risqué ma vie » se souvient-il.
« Ce qui importe c’est la transmission »
Andrésien depuis ses 17 ans, Raymond Jaccoud s’est investi dans la vie associative de la commune : il y crée l’association des Résidents de la rue Georges-
Maertens, adhère au Cercle Saint-Jean, Vice-Président, il y joue à la belote tous les lundis. Enfin dès 1981, le récipiendaire de la Croix du combattant AFN et de la Croix du Djebel devient membre de la section locale des Anciens Combattants. Il en est trésorier en 1987 et président en 2015, jusqu’à cette année, où il cède la
place à Pierric Paque, ancien militaire de l’Armée de l’air.
« Aujourd’hui, nous souhaitons rajeunir l’association, l’ouvrir à tous ceux qui ont la fibre patriotique ! précise M. Jaccoud. Nous accueillons deux nouveaux porte-drapeaux pour la cérémonie du 8 mai, l’un d’eux est une jeune fille de 17 ans ! ». L’ancien Président se rappelle : « Quand je suis arrivé à l’UNC/AFN, il y avait encore des anciens de 14-18, ceux de 39-45, d’Indochine et d’Algérie. Maintenant, ce qui nous importe c’est la transmission, le devoir de mémoire ». Dans cet objectif, l’association propose des interventions dans les établissements scolaires. En juin, les élèves de l’école Saint-Joseph découvriront les plages du Débarquement et quatre classes des écoles Peupliers et Schuman se rendront à Notre-Dame-de-Lorette et Vimy, Raymond Jaccoud sera du voyage ! On imagine sans peine le plaisir qu’il aura à raconter des anecdotes aux écoliers, tant transmettre, discuter et se lier lui sont naturels.
SAM 188 - mai/juin 2023