Vincent Lelièvre, l'artiste qui humanise l'architecture

@olivieravez
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Vincent Lelièvre s’est construit un univers graphique constitué d’une multitude de briques, d’une infinité de pierres, d’une kyrielle de moulures, pilastres, lambrequins, acrotères… L’imagination de l’artiste andrésien est sans limite lorsqu’il s’agit d’édifier, d’encre et de rêve, un nouveau bâtiment.

Bâtisseur passionné de la ville rêvée

Vous l’aurez deviné, enfant, Vincent voulait être architecte. Il se rappelle, à 14 ans, avoir dessiné un premier bâtiment, l’avoir trouvé « pas mal » et s’être dit qu’il pourrait l’améliorer encore. Il s’applique alors à tracer les briques, peaufine les détails. Le thème de la maison est là, il ne quittera plus Vincent dans la grande aventure graphique, qui le mène aujourd’hui à une reconnaissance internationale.

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Vincent Lelièvre, qui finalement n’est pas devenu architecte, conçoit chaque jour des maisons. Perplexe, il confie : « Des architectes achètent mes oeuvres. Je ne me trouve pas légitime, mais sans doute que ce qui leur plaît, ce sont les maladresses de perspective, l’imaginaire qui prime sur la réalité des normes de construction… ». La liberté du dessinateur est en effet un atout. Il ajoute : « Ce qui me fait vraiment plaisir, c’est d’inventer ».

Sans étude préparatoire, ni esquisse, l’autodidacte se lance sans filet. Un crayon, une règle et peu importe le support, il édifie une bâtisse. Il explique : « C’est de l’ordre de l’instinctif, ma main agit toute seule ». Bien que le thème soit récurrent et le geste automatique, aucune des oeuvres de l’artiste ne ressemble à la précédente. C’est une réalisation de l’instant. Il se remémore : « Je ne fais jamais deux fois la même chose. Après avoir vendu des dessins que j’affectionnais particulièrement, j’ai essayé de les reproduire, je n’y suis pas parvenu ».

Une communauté de 45 000 abonnés sur les réseaux sociaux

Il y a 7-8 ans, Vincent Lelièvre qui est graphiste scénographe pour un musée, cherche un nouveau challenge. Il aime dessiner, mais est-ce suffisant pour opérer
un virage professionnel ? Il raconte : « Je fais la connaissance du plasticien nordiste Michel Degand. Artiste reconnu, il me convainc. Lance-toi ! me dit-il ».
C’est également à cette époque que Vincent s’intéresse au réseau social Instagram. Il témoigne : « Trop timide pour exposer en galerie, Instagram s’est avéré une solution pour faire connaître mon travail ». Le dessinateur ne s’en cache pas, c’est à la plateforme de partage d’images qu’il doit sa réussite et son succès. Il est aujourd’hui connu à travers le monde, il relate, incrédule : « Dernièrement, une Australienne m’a acheté un dessin. Je trouve fou qu’un petit morceau de moi se retrouve au bout du monde ». Il en va de même en Europe, en Amérique… Certaines personnes se font tatouer ses dessins. D’une grande humilité et d’une sensibilité palpable, ces anecdotes touchent profondément l'artiste andrésien.

Les amateurs ne s’y trompent pas, ce qu’ils aiment dans ses représentations de façades, c’est la part d’humain qui vibre sous le trait. Vincent explique : « Au début, mon but était de sublimer l’architecture en tant que telle, aujourd’hui l’architecture est devenue un support. J’invente un bâtiment qui reflète une discussion, une rencontre, un sujet sociétal… ».
Les particuliers qui commandent un dessin, lui racontent leur histoire. Sa création devient alors leur récit. Au-delà de l’oeuvre, c’est l’humain qui transparaît. Vincent précise : « Ça peut paraître paradoxal, mais dessiner des immeubles m’ouvre sur les gens » .

Des projets bien réels

Toujours prêt à relever des défis, Vincent Lelièvre aime particulièrement faire des collaborations. Il se nourrit de rencontres : « J’aime l’interaction, la synergie créatrice, le partage des connaissances ». Son actualité en témoigne, il prépare une expo pour cet automne, participe à l’événement caritatif « Les 111 des arts », sort le second opus de « Voyage en imaginaire habité » chez ISSI éditions…

Enfin, la Commune lui a commandée une représentation de Saint-André. L’oeuvre est déclinée en affiches, qui seront offertes lors des cérémonies et animations municipales.


Vincent Lelièvre a encore de quoi nous surprendre et nous n’avons pas fini d’entendre parler de lui.

SAM 190 - Septembre 2023