Maxime Foy-Jacquet, une force de caractère à toute épreuve

À tout juste 23 ans, Maxime commence une nouvelle vie. La cécité a frappé ce jeune homme il y a peu. Il a dû renaître suite au diagnostic. Avec philosophie, humour et optimisme, il envisage un futur inédit, fait d'opportunités et d'expériences positives.

"2023, je suis dans le noir"

Maxime Foy-Jacquet aborde sa cécité sans détour, il explique :

« 2020, j’ai mes premiers soucis.
2021, je lis mon dernier livre.
Début 2023, je suis dans le noir »

Une maladie inflammatoire due au stress lui a fait perdre la vue. Il ajoute : « Certains font du psoriasis, moi je suis devenu aveugle ! »

Pendant plus d’un an, il a réappris les gestes du quotidien afin d’être autonome et indépendant. L’ergothérapie lui a permis de développer une sensibilité indispensable, au niveau du toucher, de l’écoute, de l’orientation. On dit que lorsqu’on perd un sens, les autres se développent, mais ça ne vient pas comme ça, il faut s'exercer.

Un travail psychologique a également été nécessaire. Le même que pour un deuil. Le processus est indispensable pour aborder la suite.

La suite pour Maxime, c’est intégrer un institut de formation en masso-kinésithérapie. Il confie : « Vous allez rire. Quand ça m’est arrivé, je faisais des études d’audiovisuel. »
Ce qui est surtout intéressant, c’est que devenir kiné n’est pas un choix par défaut. Interrogé sur cette réorientation, il répond : « Kiné... j’avais envisagé le devenir. À l’époque je ne savais pas m’écouter. Je ne me sentais pas capable. Le handicap m’a ouvert sur moi-même, sur mes envies, mes capacités. »

"La musique et le sport, j’en avais besoin !"

La déficience visuelle a bouleversé sa vie, mais dans certains domaines, Maxime refuse les concessions.
Élève de l’École de Musique de Saint-André depuis ses sept ans, il y a appris le trombone et a fait partie de l’ensemble orchestral. Avec son professeur, ils se sont adaptés pour que la cécité ne soit pas un obstacle. Sans partition, il joue à l’oreille.

Le jeune homme voulait également refaire du sport. Il a pris conseil auprès de l’Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels, qui lui a suggéré le goalball. C’était une découverte, ça lui a tout de suite plu.

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Cette discipline destinée aux sportifs non ou malvoyants, se joue en équipe de trois, avec les mains et les pieds. Un silence absolu est nécessaire pour que les athlètes entendent le ballon et réagissent. Heureux que ce sport ait de plus en plus de visibilité, Maxime annonce : « Aux J.O., pour la première fois, la France présente une équipe de goalball et c’est mon coach qui commente les épreuves sur France télévision. »

Une graine qui fait germer la prise de conscience

« Enfant de Saint-André, j’y ai fait ma scolarité, j’étais à l’école des Peupliers et comme tous les élèves, je faisais du sport avec Jean-Michel.» L'éducateur sportif municipal a appris que Maxime pratiquait le goalball. Il a alors pris contact avec le jeune homme pour mettre en place des ateliers-découvertes destinés aux élèves andrésiens. Maxime est intervenu dans toutes les écoles de la commune et lors des activités vacances du Point-Jeunes. Satisfait de cette collaboration, il déclare : « Je suis ravi d’avoir animé ces ateliers. C’est comme planter une graine qui fait germer la prise de conscience. Je sais que les enfants en ont parlé avec leurs parents, qu’il y a eu des discussions en classe avec les professeurs. »

Maxime est conscient que le handicap peut faire peur. Certains enfants ont pu être impressionnés, quand d’autres ont été très attentionnés envers lui, avec une approche raisonnée du handicap. Quoi qu’il en soit, tous se sont amusés.

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Les enfants ont par contre noté que le goalball est particulièrement fatigant. Faire du sport les yeux bandés demande une grande concentration. L’attention est axée sur l'ouïe. Maxime rebondit en précisant : « Quand on perd la vue, cette concentration et la fatigue qui va avec, c’est le quotidien ! Je n’en avais pas conscience avant, mais tout est obstacle, les poubelles sur les trottoirs, les boites aux lettres qui dépassent… »

Ça peut paraître paradoxal, mais Maxime conclut avec enthousiasme :
« Ça m’a fait découvrir des choses que je n’aurais pas vécues sinon... les ateliers avec les enfants, la compétition, des rencontres… »

SAM 196  - Septembre / Octobre 2024